lundi 2 décembre 2024

FICTION : Éloge à la lecture et à l'écriture.

Éloge à la lecture et à l'écriture.


Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.


Quelque part aux Batignolles.


L'aurore se lève doucement sur ce royaume aux allures de village pittoresque. Le chant des oiseaux se fait entendre dans plusieurs endroits de ce hameau. Au fur et à mesure de son lever, le soleil apporte lumière et chaleur aux habitants, aux animaux, aux végétaux ainsi qu'aux édifices de cette localité.


Dans cette rue pavée caractéristique de ce bourg, la librairie indépendante s'éveille doucement. Tous les volets du rez-de-chaussée sont fermés tandis que ceux du premier et unique étage sont légèrement ouverts laissant entrevoir un filet de lumière venant des lampes à pétrole. Cette échoppe est légèrement biscornue car c'est l'un des rouages du temps qui fait son œuvre sur les bâtisses.


Les libraires présents en cette matinée se trouvent au premier étage faisant office de grenier pour leur commerce. De temps à autre, ils montent et descendent dans l'unique escalier de leur bibliothèque. C'est un escalier immobile et fait tout en bois. Il y a dix-huit marches pour accéder à chacun des niveaux et seuls les libraires peuvent y accéder. D'après une légende rurale, dans cet endroit se trouveraient deux grimoires rares et ancestraux qui contiendraient de nombreuses histoires. Au rez-de-chaussée, se trouve tant de livres remplis de bonnes histoires avec tant de personnages qui ont hâtent de transporter les humains dans leurs aventures extra-ordinaires. Certains observent l'un des libraires descendre l'escalier et marcher sur le sol fait en chêne massif de la boutique et se diriger vers les fenêtres. Il les ouvrent avec son habituelle 'méthode de libraire' comme disent si bien les personnages qui l'espionnent depuis un temps jadis. Le libraire agit de la même façon pour ouvrir les volets. Tous se frottent déjà les mains en sachant qu'ils pourront dès à présent sortir de leur ouvrage afin de faire des facéties aux habitants et surtout aux touristes de passage dans ce royaume. Comme à leur habitude, tous les personnages attendent de filer en douce, bien à l'abri des regards des libraires, afin d'aller dans chacune des rues et des ruelles de cette région pour faire des aventures incroyables auprès des humains.


Lorsque le libraire ouvre la porte de la librairie indépendante des Batignolles, la grande cloche en bronze de la ville indique neuf heures et trente minutes. La brise matinale s'engouffre dans la boutique avec grand plaisir faisant virevolter la chevelure du libraire. Il appose un écriteau sur la devanture de la librairie pour indiquer aux passants que le commerce est ouvert au public. C'est à ce moment précis que certains personnages de tous les livres sortent séance tenante de l'édifice rempli de livres.


L'une des fenêtres du premier étage s'ouvre. La librairesse admire la vue en buvant un doux breuvage chaud. Elle sourit tout en se perdant dans ses pensées. C'est en entendant un bruit devant la librairie qu'elle revient à la réalité. Son collègue s'agrippe au lampadaire public en voyant un matou miauler sur un grand toutou qui, selon les dires des commerçants du royaume, se prend pour un chenapan. Le canin est sur le point de faire taire le félin en aboyant lorsque celui-ci le plaque sur les pavés de la rue avec fracas. Encore une embrouille animalière qui ferait jaser dans toute la contrée. Les deux animaux partent chacun de leur côté sur le champ.


À quelques encablures de là, quelques personnages font des farces aux gens présents au square des Batignolles. Les bébés gazouillent de joie en voyant ce spectacle tandis que les enfants rigolent en voyant la réaction des adultes.


En face du célèbre square des Batignolles, se trouve la célèbre gare des Batignolles où d'autres personnages font des gentilles blagues aux voyageurs partant ou arrivant dans cette province si verdoyante et si apaisante. Les réactions sont tant spontanées que rigolotes que tous les humains en sourient ou en rigolent.


Dans cette coquette et petite gare ferroviaire, il y a quelques salariés de la compagnie des trains à vapeur de diverses professions avec leurs tenues professionnelles typiquement reconnaissables qui apportent une touche vintage en cette époque moderne.


Voilà les cinq poinçonneurs qui vérifient et valident les billets de train des voyageurs avant qu'ils n'aillent sur l'un des cinq quais de gare. Les dix agents de propreté entretiennent la jolie gare afin qu'elle soit toujours propre. Les cinq agents d'accueil sont là pour donner des renseignements et vendre des billets de train aux voyageurs. Au rez-de-chaussée de la gare des Batignolles, se trouve le bureau des agents de la sûreté ferroviaire avec une quinzaine d'agents qui sont là pour veiller à la sécurité de la gare et des personnes. Au premier étage de la gare ferroviaire, se trouvent la directrice de la gare et son assistante, et d'autres salariés travaillant pour cette gare ferroviaire datant de plusieurs siècles. Une grande pièce d'environ cent mètres carrés sert d'archives gérées de façon remarquable par une archiviste qui travaille là depuis son obtention de son diplôme à l'école des archivistes. Depuis la création de la gare, beaucoup d'ancêtres de sa famille ont travaillé pour la construction ou le fonctionnement de cette gare ferroviaire.


Tous les personnages qui se baladent aux Batignolles s'amusent bien. Arrive l'agréable pause méridienne. Chacun d'eux profitent pour lézarder sur les branches des arbres tout en discutant avec leurs amis végétaux et animaux. Après avoir pris un bain de soleil, ils prennent la deuxième plus grande rue du royaume au nom typiquement italien ; dans l'imaginaire comme dans la réalité, cette sensation d'être à Rome est palpable.


Un bruit d'antan se fait entendre. C'est une voiture ancienne qui pétarade et, au volant de celle-ci, le maire des Batignolles conduit un peu vite ce véhicule motorisé et ose même dépasser les trois voitures qui roulent à douce allure devant lui. En tant que maire, il a la fonction d'agent de la sûreté dans ce royaume. Comme à chacun de ses anniversaires, il ose se faire un petit plaisir dans les rues de ce royaume en appuyant sur le champignon de son véhicule. N'appréciant point cet outrage, les quinze personnages osent lui faire comprendre qu'en tant que maire il se doit d'être exemplaire et qu'il n'est point au-dessus des lois de ce royaume. En guise de protestation, l'un d'eux souffle sur la rue afin qu'elle soit légèrement givrée. En roulant sur la fine couche de givre, la voiture se met à dodeliner à vive allure. Le maire se met dans tous ses états car il a l'impression que cette rue se gondole sous les roues de son véhicule. Avec la vitesse du vent, ses lunettes finissent dans sa chevelure et sa veste bleue pâlie avec toute cette agitation. Au loin, l'intersection se rapproche à vive allure. Le maire se ressaisi et freine fermement. La voiture ancienne s'arrête contre l'arrière d'une calèche hippomobile ; voyant cela, le très grand caléchier ose réprimander le conducteur du véhicule. Avec ses deux immenses mains il tient l'homme par le col de sa veste lui laissant des grandes traces de suie sur son costume.

Le caléchier lui dit ferment : « Espèce de zigoto de voyou. Tu as appris à conduire dans quelle école ? Tu vois que cette partie de la route est la 'voie des calèches'. De plus ta vieille voiture bloque l'entrée des calèches de cet hôtel particulier. Sans parler que tu as rayé la porte arrière de ma calèche. Regarde-moi ça, va. Alors soit nous faisons un constat à l'amiable immédiatement soit j'appelle les agents de la sûreté de cette contrée. »

Un fois le constat à l'amiable terminé, le maire se promit de ne plus faire ce genre de bêtises car c'est fort dangereux.


Dans le boulevard des Batignolles, se trouve l'unique théâtre de ce royaume portant le joli nom de 'Théâtre des Batignolles'. Devant la célèbre bâtisse, se trouve une centaine de théâtrophiles qui sont impatients de voir la pièce de théâtre de la matinée.


Voyant cela, tous les personnages décident alors d'assister à la représentation théâtrale. Quoi de plus merveilleux que de vivre une histoire avec des comédiennes et des comédiens qui font vivre un récit à travers leurs performances. Sans être vu des spectateurs du jour, les personnages se faufilent dans le théâtre pour s'imprégner de l'ambiance que procure cet endroit. Dès l'entrée, la magie théâtrale opère. Chacun des salariés de ce lieu se déplacent de façon théâtrale ; c'est un des effets lorsqu'une personne travaille dans un théâtre. Quelque part dans le théâtre, se trouve le 'foyer des artistes' où chacun des comédiens se préparent avant chacune des représentations. Leurs émotions se ressentent et se voient. En ce jour de première, chacun des artistes sont à la fois impatients et inquiets avec un mélange de tant d'autres émotions impalpables en cet instant.


Un des personnages dit aux autres : « Au théâtre, tu ne peux point tricher. Une fois sur scène, les comédiens doivent savoir par cœur leur rôle, leur texte, leurs déplacements,... ainsi que ceux de leurs collègues. Et je ne te parle même pas de la réaction du public. C'est un métier à la fois passionnant et intimidant. »


Dans les coulisses se trouvent d'autres personnes qui participent grandement au succès de cette pièce de théâtre. Voilà que paraît deux accessoiristes, trois costumières, trois couturières, trois habilleuses, deux machinistes, cinq maquilleurs, une metteuse en scène, six ouvreurs, un régisseur, un souffleur, ... et tant d'autres professionnels. Chacun d'eux a assisté aux répétitions dans ce coquet et intimiste théâtre batignollais ainsi qu'à la couturière (avant-dernière répétition) et à la générale (dernière répétition). En cette première représentation devant une salle remplie de spectateurs, tous sont aux anges et impatients de voir le résultat de leur travail et du travail des comédiens sur scène. Dans la coulisse, tous se demandent : « Quelles seront les réactions du public ? Les spectateurs vont-ils aimer la pièce ? Aimeront-ils le jeux de comédiens des artistes sur scène ? Et surtout, est-ce qu'il y aura de courtois applaudissements à la fin de cette pièce ? »


Dans la grande salle de théâtre, les spectateurs entrent au fur et à mesure en suivant un ouvreur ou une ouvreuse qui les accompagnent jusqu'à leur place. Dans une des loges de ce théâtre, voilà qu'arrivent Maryse et sa fille qui sont venues avec grande joie assister ensemble à la pièce du jour. Elles aiment beaucoup les spectacles de qualité qui transportent chacun des spectateurs dans le récit qui prend vit devant eux grâce aux talents de chaque comédien. Comme les autres spectateurs, elles ont acheté le 'programme théâtral' de cette représentation. Elles feuillettent cet opuscule en attendant le début de la séance. Lorsque tous les spectateurs sont installés, les lumières de tous les lustres en cristal disparaissent peu à peu jusqu'à ce que la salle soit dans l'obscurité. L'instant d'après le rideau s'ouvre délicatement sur une scène éclairée. En cet instant, la pièce de théâtre commence pour le plus grand bonheur des cinq cents spectateurs.


Pendant la représentation théâtrale, le théâtrophone diffuse sur les ondes radiophoniques dans tous les royaumes du monde entier la première représentation de cette pièce de théâtre.


Dans un coin de la salle de spectacles se trouve le groupe de personnages, tout zigzag sortis de plusieurs livres, écoutant et regardant avec passion cette représentation. Pourtant ils ne sont que fiction et depuis leur création dans un temps lointain jamais ô grand jamais ils n'ont été si captivés et si transportés dans une histoire.


À la fin de la représentation théâtrale, les cinq cents spectateurs font une ovation debout aux comédiens présents sur scène. Dans la salle de théâtre, c'est l'euphorie et des larmes de joie perlent sur les joues de bon nombre de spectateurs. Même les personnages applaudissent avec ferveur ; leurs larmes - faites en papier - finissent en petites boulles de papier au sol tant les émotions les ont submergés. Ils sont sidérés par ce qu'ils viennent de vivre. Pour eux, c'est la quintessence du sublime. Des comédiennes et des comédiens qui prennent une fiction pour la transformer en réalité sur scène est au-delà de la performance artistique. En cet instant, le résultat de leur travail qualitatif se voit et s'entend ; des 'bravo' se font entendre au-dessus des applaudissements et vont en direction de la scène. Les onze comédiens sont venus à plusieurs reprises saluer leur public. Eux aussi sont émus aux larmes. L'ovation dure pas moins de trente minutes tant les spectateurs sont bouleversés et heureux. Malgré plusieurs baisser de rideau, le public continue leur ovation. Au huitième baisser de rideau, les comédiens font une ultime apparition et ce devant le rideau. Le silence se fait place dans la salle. Une des comédiennes prend la parole et dit quelques mots au public avec grande émotion. Tous les comédiens font une ultime salutation sur une ultime ovation du public. Humains comme personnages, tous sont enivrés par cette fin de journée théâtralement exaltante.


Le crépuscule se lève lorsque les batignollais sortent du théâtre. Tous les humains et les quinze personnages sortent du théâtre des Batignolles. Dans le ciel, les couleurs sont rose-orangé et d'un bleu nuit annonçant une douce nuit étoilée. Cette soirée d'automne, période où la nuit arrive vite, il y à moins de couleurs dans les rues et les ruelles au royaume des Batignolles. C'est l'occasion pour apprécier le changement des couleurs de chaque feuille des arbres ; leurs couleurs sont mis en avant grâce aux murs blancs ou beiges de chaque bâtisses. Sur tous les arbres du royaume, des feuilles couleurs vert, rouge, orange, marron, jaune, violet, rose, ... apportent une touche chaleureuse et colorée aux humains marchant dans ces rues fraîches ou froides.


Les quinze personnages rentrent doucement vers la librairie indépendante. Ils arrivent près du manège enchanté qui se trouve à quelques mètres de l'entrée du métropolitain. Le forain est en train de fermer son attraction qui fait le bonheur des adultes. Vous lisez bien 'des adultes' car c'est l'unique manège du royaume réservé aux adultes qui adorent faire adultillage. Voyez ce bambin consoler ses deux papis qui voulaient faire un centième dernier tour de manège avant de rentrer à la maison.


Dans cette rue, les personnages croisent Sophie qui ne fait pas attention à eux car elle est dans son monde. Plusieurs mètres plus loin, se trouve la coquette et petite place de cette contrée. Une dizaine d'arbres sont là et apportent un côté douillet et confortable. Il y a une petite fontaine octogonale faite en pierres et en bois avec de larges rebords. Derrière celle-ci, se trouve la librairie indépendante et à ses côtés une taverne indépendante, qui est au croisement de deux rues. Dans les deux échoppes des gens y entrent et d'autres en sortent. Les quinze personnages marchent tranquillement sur la place.


En s'approchant de la fontaine, ils voient quelqu'un s’asseoir sur l'un des rebords. La personne porte un long manteau jusqu'aux pieds ; son visage est enfoui dans sa capuche. Les quinze personnages se questionnent, sont intrigués et sont curieux de savoir qui est cette personne. Et c'est cette dernière, la curiosité, qui les motivent en cet instant à oser s'approcher. Ils ne sont qu'à quelques mètres de leur logis, leur livre respectif bien au chaud dans cette librairie. Mais la curiosité est plus forte que de revenir dans leurs bouquins. Étant tous face à la personne, celle-ci se penche légèrement vers eux puis enlève délicatement sa capuche et sourit aux personnages sans dire un mot. Tout en regardant la personne, un des personnages dit aux autres : « Est-ce que pour vous aussi c'est la première fois que vous voyez en vrai la personne qui lit cette histoire ? »


Histoire écrite par © Halcyon !

Photographie faite par © Halcyon !